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'6y6 [i588] journal
même, il fut assuré par son cousin le duc d'Elbeuf que le lendemain on entreprendroit sur sa vie. A qui il répondit : « Je voy bien que vous avez regardé votre alée manach, car tous les almanachs de cette année sont « farcis de telles menaces. »
Le vendredy 2 3, le Roy manda de bon matin au duc et au cardinal de Guise qu'ils vinssent au conseil, et qu'il avoit à leur communiquer affaires d'importance. Entrans au château, ils trouverent les gardes renforcées, qui prièrent le duc de les faire payer; mais d'une maniere moins respectueuse qu'à l'ordinaire. A quoy ne prenant aucunement garde, ils passèrent outre. Ce matin il avoit reçu de divers endroits neuf avertisse-mens, et dit tout haut en mettant le neuvieme billet en sa pochette : « Voilà le neuvième d'aujourd'hui. » Etant entré au conseil, il saigna du nez deux ou trois gouttes, et vit-on un œil pleurer; après il eut mal au cœur, et un affoiblissement qu'on attribua plutôt à une débauche qu'à un pressentiment. Sur ce, le Roy le manda par Revol, qui le trouva comme il resserroit dans son drageoir quelques raisins et prunes apportées pour son mal de cœur. Gomme il entroit en la chambre du Roy, nn garde lui marcha sur le pied; et cependant continua de marcher vers le cabinet, et soudain, par dix ou douze des quarante-cinq, fut saisi aux bras et aux jambes, et par eux massacré, jettant entr'autres cris et paroles celles - cy, qui furent clairement entendues: « Mon Dieu, je suis mort, ayez pitié de moi! ce sont « mes péchés qui en sont cause. » Sur ce pauvre corps fut jetté un méchant tapis ; et là, laissé quelque tems exposé aux mocqueries des courtisans, qui .'appelloient le beau roy de Paris, nom que lui avoit donné Sa Ma-
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